Parmi les nombreux sujets picturaux qui ont pu motiver la représentation d'un désastre, puis d'une catastrophe naturelle (la terminologie évoluant entre le XVIIIe et le XIXe siècle), l'éruption volcanique rassemble un grand nombre d'artistes européens. L'activité impressionnante du Vésuve à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle – au moment où les fouilles de Pompéi et d'Herculanum attirent de nombreux connaisseurs, scientifiques et artistes – offre un nouveau sujet de ravissement et d'étude pour cette société éclairée, qui est de plus en plus concernée par les sciences de la terre. Cette « actualité volcanique » a permis, parmi d'autres paramètres, d'installer ce sujet comme premier dans la volonté de représentation de la catastrophe naturelle, entre peinture de paysage et peinture d'histoire.
Parmi ces artistes, Jacob Philipp Hackert (1737-1807) et Michael Wutky (1739-1822) se sont sensiblement distingués, avec une démarche et une finalité différentes dans leur oeuvre. Il peut être pertinent de comparer les pratiques de ces deux artistes issus de la même génération ; et qui, malgré une éducation artistique et une culture visuelle quelque peu différentes, présentent une expérience assez similaire face au spectacle de l'éruption volcanique. En effet, ils entreprennent tous deux des voyages dans la région de Naples, au moment où le Vésuve connait des éruptions assez fréquentes, et font partie de l'entourage de William Hamilton, qui les conduit au plus près du volcan afin de l'étudier. Malgré leurs connaissances du travail de ce-dernier, notamment son ouvrage Campi Phlegraei (illustré par Pietro Fabris), et sans doute des écrits de Johann Winckelmann, les deux artistes ne vont pas se confronter à cet événement naturel avec le même regard, et entreprendre son approche par la représentation artistique de la même manière.
Refusant le paysage idéal, Hackert défend plutôt une image de l'évènement qui inscrive l'oeuvre d'art dans cette dynamique de compréhension du phénomène naturel. Wutky préfère des compositions (qu'il est possible parfois de rapprocher de Pierre-Jacques Volaire) et un travail de la lumière qui laissent voir une recherche du spectaculaire des puissances naturelles. Ces deux positions permettent d'intégrer le spectateur différemment, et proposent deux interprétations de l'acte de peindre, d'étudier, et donc de possiblement maîtriser ce phénomène naturel dangereux pour l'homme. L'imaginaire du risque est alors enrichi par deux points de vue distincts, mais qui construisent de concert la réflexion globale autour de la notion de « catastrophe » à cette époque.