Le début du XXe siècle est marqué par une multiplication des spéculations autour de la fin du monde, alors souvent associée à l'apparition de comètes. En Allemagne, ce motif devient particulièrement présent autour de l'année 1910 et du passage spectaculaire, au mois de mai, de la comète Halley. Celle-ci nourrit en effet de nombreuses angoisses eschatologiques, donnant lieu à la publication d'innombrables romans d'anticipation ou d'essais scientifiques plus ou moins sérieux (Carl Grunert, Das Ende der Erde?, 1908 ; Robert Heymann, Der rote Komet, 1909 ; Karl Voigt, Kometen und Meteore, 1910 ; Wilhelm Schuster, Komet und Bibelstern. Weltuntergang 1910?, 1910).

Ces visions de comètes menaçantes, porteuses de catastrophes en tous genres voire annonciatrices de la fin du monde, ne sont toutefois pas uniquement le seul fait d'écrivains. Certains de ces romans sont en effet richement illustrés par des artistes aujourd'hui oubliés (Ernst Lübbert, Julius Schlattmann). Outre ces illustrations, le passage de Halley suscite la production d'un grand nombre de cartes postales, humoristiques ou plus angoissées, montrant les conséquences désastreuses de sa collision avec la Terre. Enfin, le motif de la comète se retrouve chez certains peintres de la scène expressionniste de l'époque, particulièrement dans les Paysages apocalyptiques du Berlinois Ludwig Meidner, qui réalise de nombreuses oeuvres mettant en scène comètes et météores dans les rues de la grande ville.

Cette conférence propose d'explorer le motif de la comète dans la culture visuelle allemande des années 1910. Souvent présentée comme une catastrophe "naturelle", indépendante de l'action humaine, la comète est pourtant souvent représentée par les artistes sous la forme d'un projecteur, et sert à dénoncer les dérives d'un nouvel éclairage électrique vécu comme une violence.