AGES

 

 Catastrophes, menaces et risques naturels

Natur und Umwelt: Risiken, Gefahren und Katastrophen

 

Congrès de l'AGES  -  10-12 juin 2021  -  MSH Clermont-Ferrand

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Ne pas faire d'enfants pour sauver la planète? Perspectives franco-allemandes sur une question qui fait débat
Annette Lensing  1  
1 : Université de Caen - Normandie
Université de Caen

2019 a été l'année des mobilisations citoyennes pour le climat. En réponse à l'appel de la jeune suédoise Greta Thunberg de faire la « grève pour le climat », des milliers d'hommes et de femmes, en premier lieu les jeunes, sont descendus dans la rue pour dénoncer le manque de courage des décideurs politiques et économiques. Si l'urgence climatique et la peur qu'elle génère nourrissent des actions collectives, elles interrogent aussi notre propre agency, nous amènent à revoir notre manière de vivre et de consommer – en réduisant nos déchets, en favorisant les circuits-courts ou encore en cessant de prendre l'avion (#Flightshame). Encore marginal il y a quelques années, un militantisme écologique radical reçoit un écho grandissant dans l'espace médiatico-politique : par conviction écologique, de plus en plus de jeunes femmes et d'hommes prennent la décision de ne pas avoir d'enfants face aux effets catastrophiques qu'entraînerait la surpopulation à l'échelle planétaire. Alors que certains réclament une révision des politiques étatiques d'incitation à la natalité, les plus radicaux exigent la stérilisation pour les femmes ou la vasectomie pour les hommes. Certaines personnalités se font les porte-voix de ces revendications, comme l'éditorialiste américaine Lisa Hymas, instigatrice du mouvement GINKS (Green Inclinations, No Kids) en 2011 ou encore la chanteuse britannique Blythe Pepino et son mouvement BirthstrikeEn Allemagne, la parution en 2019 du manifeste Kinderfrei statt kinderlos de l'autrice Verena Brunschweiger qui se dit féministe radicale a fait couler beaucoup d'encre1. Si le sujet fait débat, c'est parce que le refus d'avoir des enfants est encore un sujet tabou, qui plus est pour les femmes soumises à l'injonction de maternité2. En outre, si à l'heure des mouvements contestataires, les positions antinatalistes reçoivent un écho médiatique important, ce phénomène n'est pas nouveau. Aussi certains pointent du doigt les continuités avec les théories du prêtre anglican Thomas Malthuset les risques d'un malthusianisme 2.0 qui affecterait particulièrement les populations les plus défavorisées. Quelle place le courant antinataliste occupe-t-il à l'intérieur des combats environnementaux et climatiques ? L'apologie du sacrifice individuel ne sape-t-elle pas le fondement même des mobilisations collectives ? Cette intervention abordera la question en se concentrant sur les acteurs et actrices en France et en Allemagne : à partir de l'analyse de discours médiatiques et politiques et d'une série d'entretiens, elle questionnera les modes de mobilisation, les revendications et leur réception.

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1 Verena Brunschweiger, Kinderfrei statt kinderlos – Ein Manifest, Büchner-Verlag, Marburg, 2019.
2 Les débats autour du mouvement Regretting motherhood (d'après l'ouvrage du même nom de la sociologue israelienne Orna Donath, paru en 2015) en offrent une illustration supplémentaire.
3 Thomas R. Malthus, An Essay on the Principle of Population, J. Johnson, Londres, 1798.


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